Le cérémonial des "aveux"
Samedi matin, 8 heures. Me voilà presque habituée mais pas résignée. Je retrouve monsieur. Punaise ! il est encore plus grand qu'hier. Et toujours ce charme fou, surtout lorsqu'il sourit, avec ses petites fossettes qui se creusent. Sacro-saint café mais tension extrême. "à 8h30 on attaque me dit il". Il regarde l'heure, prend le gobelet de ma main (c'est une manie, bordel ! rends le moi !!!). Il prend mes mains dans les siennes et me regarde droit dans les yeux. Il retrace son parcours de vie (il m'en avait écrit une partie) jusqu'au jour où tout a basculé pour lui. A ce moment là, je n'ai pas du vraiment l'aider (il m'a dit que si car je trouvais les bons mots sur lesquels il butait) parce que je ne fais que pleurer. Un vrai torrent de larmes. Je voudrais qu'il se taise, c'est trop dur. Je voudrais me boucher les oreilles et ne rien entendre. ( Quelle loi à la con franchement, je dois supporter par le menu, le déroulé de ses horribles forfaits et ensuite tout répéter à la travailleuse sociale en charge de son dossier. Il ne le sait pas mais ça a été encore pire pour moi de redire ces mots terribles). A un moment, je pose ma main sur sa bouche. STOP ! Il est très réactif, il me propose une pause. J'ai la nausée. Vite ! Je vais vomir. Je sors du box en larmes. Il doit être aussi mal que moi mais ne me le montre pas. Il me conduit aux toilettes, il reste derrière la porte. Je me passe de l'eau sur le visage. Je respire. On y retourne.
Dans mon métier, on nous apprend à gérer nos émotions et même à ne pas avoir d'émotions du tout parfois. Mais, nous sommes des humains et là c'est beaucoup trop. Ca me renvoie à beaucoup de choses mais j'encaisse. Et comme si ça ne suffisait pas, il me raconte ce qu'on lui a fait subir, dans une autre prison... Dès lors qu'il m'a parlé des sévices qu'il a vécu mon sommeil a fait ses valises ou alors je fais des cauchemars.